Creuses symétries
Doux et double
Anéantissement
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Un doux sourire au coin des lèvres,
Se dénude la sorcière au sexe de feu
Sur le mauve des nymphes flamboie
La rousse toison : ostensoir précieux
Indicible trésor qu’avec fièvre
Muet, je contemple sans bouger.
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Seul le pessimisme
est porteur
de saveurs
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Cri
Inarticulé
Brandi dans le désert brillant
Incendie d’une âme
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a) Le cri en lame bleue
Chauffée au rouge
D’un deuil violet
Perfore le coeur
b) L’oeil déchiré
Sur la toile indistincte
Referme l’univers
Noir
c) Refus déterminé
D’une chair dénudée
Ethers bleus
Zéro degré Kelvin
d) Repos total
Minéral
S’arrêtent
Les mitoses
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a) Les pierres fendues
Sexuées en attente
Sur la fosse
Reposent
b) Âcre, pointu, doré
L’épi sur sa tige
Demeure imperturbable
c) Tant d’eau
Qui, très lente,
Sous la mort s’écoule
d) Tessons et ossements
Pavent les temples enfouis
Mémoires minutieuses
De cérémonies secrètes
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Qui songera un jour
À sérieusement s’inquiéter
De ce qu’Actéon
Fit à la chaste Diane ?
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Il est après tout heureux
Que de simples futilités
Ne suffisent jamais
Mais presque toujours réussissent
À combler une existence
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Arriverai-je un jour
Non béni
À sonder le fond
De tes luxures
Cachées ?
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Amour qui me fait mourir
En ces vases ouverts
Sur l’axe écartelé
Du tétragramme nu
Car ceci est ton corps
Qui s’offre
Et se fend
Pour notre rédemption
Ô... retour en cet être creux
Qui doucement respire
Et reçoit avec des larmes
Une divine onction.
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Le sentiment
Bref
D’un impossible
Suspendu
Au-dessus d’un noir abîme écumant.
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J’ai vu
Les tombes craquelées
Des anciennes courtisanes
Âcres odeurs végétales
D’un cimetière abandonné
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Sur un humus mouillé,
Au vent acide,
Je me promène.
Hier, il y avait du monde,
Et la pluie drue tombait...
Étais-je indifférent ?
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Le chemin de l’amour
Qu’ensemble l’on vit
Est parsemé de fleurs qu’on lance
Et de pierres qu’on se donne.
L’amour de chemin
Que l’on vit ensemble
Est couvert de fleurs qu’on se donne
Et de pierres qu’on se lance.
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Détruire le bruit qui court
Certainement n’est pas à la portée
De l’âme ténue percée de jours
Qui dans mon coeur s’est lovée
Dans la cacophonie échevelée
Des ragots et des médisances
Bien faible, bien peu musclée
Se tait ma voix : je fais silence
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... non que tu sois sujet
ou objet de scandale par tes dires
et tes faits,
mais tu es le scandale!
TU ES LE SCANDALE par le seul fait d’être, de vivre, d’exister.
TOUT, en toi, EST SCANDALEUX:
ton corps, ta face, tes attitudes
ta respiration
l’espace que tu occupes est, ainsi, scandaleusement occupé,
et l’espace à partir duquel tu es visible
audible, tangible, c’est à dire simplement
perceptible, accessible aux sens de qui te côtoie,
t’entoure, ou vit dans tes environs,
cet espace est pollué, souillé par le scandale permanent que tu provoques en étant l’intrinsèque scandale par quoi tu te constitues de manière permanente et pérenne...
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Je
m’enfonce
doucement dans la folie
Coquille brillante et translucide
où se love mon corps blessé
Dans cette cloche de cristal
ne voyagent que musiques inspirées
Le regard fixe l’oeil éteint
je reste muet immobile dans ma fuite
L’impuissance en moi déborde
mes gestes ralentissent
ma volonté s’use
et s’arrête
Je suis
fou
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