PHILIPPE BOURDIN |
Charmante petite ville, Tivoli – la Tibur antique – est située sur le fleuve Aniene, perchée sur une colline d’où l’on domine la campagne romaine et la Ville éternelle à trente et un kilomètres. Connue dans le monde entier pour sa merveilleuse Villa d’Este, fantaisie inclinant au baroque avec ses innombrables fontaines qu’animent des jets d’eau, Tivoli s’efforce de mettre en relief ses trésors archéologiques. A ses pieds, à environ six kilomètres, s’élèvent les grandes ruines de la Villa Adriana (classée au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1999), la plus importante résidence de campagne impériale dont nous possédions des vestiges. Un ensemble tel que, dans les époques suivantes, les monarchies les plus fastueuses n’osèrent en ériger de semblables.
Construite entre les années 118 et 138 de notre ère par l’empereur Hadrien, ce Versailles de la Rome antique s’étend sur cent vingt hectares dans une zone légèrement ondulée se prêtant admirablement à une installation résidentielle ainsi qu’à la création de bassins. Mais tout d’abord brossons le portrait de cet empereur éclairé, un humaniste, dont la personnalité reste encore déconcertante, à la fois attachante et irritante. Grand, mince, très soigneux de sa belle chevelure et de sa barbe, cet épris d’hellénisme en adopta les façons de vivre, la langue et la culture au point d’être surnommé Graeculus (le petit Grec). Esprit encyclopédique attiré par la beauté et le mystère, doté d’une prodigieuse mémoire, sa résistance physique était proprement exceptionnelle puisqu’il parcourut les provinces de l’Empire flanqué d’une armée d’ingénieurs, d’arpenteurs, de géomètres et de décorateurs organisés militairement. Partout il laissera l’empreinte de son passage bénéfique, reconstruisant Jérusalem, restaurant et embellissant Athènes, élevant en Angleterre un mur de protection qui s’étirait d’une mer à l’autre et dont il reste d’importants vestiges dans la région de Carlisle. .
Cette puissante personnalité au caractère difficile, à l’intelligence organisatrice et généreuse, suivra une ligne originale, défensive, assurant à l’Empire vingt années de paix, de prospérité et de bon fonctionnement des institutions. La législation se fait ainsi plus humaine, plus sensible à l’équité. En outre, son règne met définitivement au point les rouages de l’appareil monarchique et provoque du même coup la fin du Sénat… Hadrien installe la « pax romana ». L'ère de l'expansion est révolue.
La Villa Adriana est une idée d’esthète. Hadrien, qui se piquait d’architecture (on lui doit notamment son mausolée et le Panthéon romains), veut y réunir l’image des plus beaux monuments du monde, des sites les plus célèbres admirés au cours de ses voyages en Grèce et en Egypte hellénistique. Il est difficile de décrire l’atmosphère et l’éclat de la villa dont les ruines ne donnent qu’une impression générale ; jouxtant le bar à l’entrée, la maquette d'Italo Gismondi (1956) y remédie et nous éclaire.
Pour en absorber la spiritualité profonde, en découvrir les valeurs historiques, recueillir l’émoi que procure un lieu privilégié où demeure l’esprit, il faut en faire une visite attentive. Malgré les vicissitudes qui au fil des siècles, ont provoqué dégâts et destructions, réduit à une carrière de briques et de marbres, cet ensemble complexe conserve toute sa majesté. L’exotisme et le dépaysement, s’ils existaient, résidaient plutôt dans l’intention et la décoration somptueuse, raffinée, que dans le plan et l’élévation des édifices dont l’orientation atteste une très sérieuse réflexion. On se fait tout de même une idée exacte d’un décor merveilleux fait pour la détente sereine, le divertissement et l’étude. Là, Hadrien s’entourait d’esprits brillants et aimait les grands débats d’idées où il prétendait avoir le dernier mot.
On y trouve une trentaine de bâtiments de toutes sortes reliés par une voie carrossable souterraine : des bibliothèques latines et grecques comme il était d’usage, un hospitalia (logement pour des soldats d’élite), des casernes aménagées sous la grande terrasse. D’où les imposantes dimensions des thermes. A ce sujet, la villa était approvisionnée par quatre aqueducs. Deux œuvres sont particulièrement évocatrices : le ravissant Théâtre maritime, petite construction circulaire entourée d’un canal franchissable par des ponts mobiles, où l’empereur aimait s’isoler. Et ce Canope, singulière reproduction d’un canal bordé de temples et de statues qui reliait Canope à Alexandrie et son sanctuaire de Sérapis. C’est ici qu’apparaît Antinoüs, le jeune esclave bithynien. La tradition veut que ce favori de l’empereur ait été trouvé mystérieusement noyé dans le Nil. Le culte divin que l’inconsolable Hadrien lui fit rendre, la ville d’Egypte qu’il fit ériger en sa mémoire tournèrent vite à l’obsession.
Dans le vallon s’étendant de l’Académie à la place de l’Or, où se trouve un immense cryptoportique (ou galerie à demi enterrée) long de 870 mètres, une magnifique oliveraie compte aujourd’hui les plus beaux arbres séculaires de la région.
Hadrien ne profitera guère de sa « ville-villa ». Aigri, s’imaginant persécuté, perclus de douleurs lancinantes, il est transporté à Baïes où il meurt en 138 à 62 ans. Suppliant ses plus fidèles serviteurs de l’aider à mourir, ses amis l’assistaient jour et nuit pour l’empêcher de se suicider. Il fut déposé dans son gigantesque mausolée devenu au fil des rajouts l’une des silhouettes les plus emblématiques de Rome, le castel Sant’Angelo.
Alors que les cyprès se reflètent dans le bassin-vivier du Poecile, apprécions la charmante épitaphe composée par Hadrien en personne : « Amelette vaguelette, blanchelette, hôtesse et compagne de mon corps, qui bientôt partira en des lieux pâles, raides et nus, tu ne feras plus tes plaisanteries coutumières...
»
Face au profit, le patrimoine historico-artistique passe au second plan. De scélérates décisions menacent aujourd’hui l’inoubliable témoignage du rêve d’Hadrien et suscitent la plus grande perplexité : on projette d’implanter la prochaine décharge de Rome, une des plus grandes du pays, à trois kilomètres du site. Une forte mobilisation dénonce ce choix préoccupant. Comme si ce n’était pas suffisant, le Conseil communal de Tivoli vient d’approuver la réalisation d’un lotissement de 180 000 mètres cubes attenant à la villa. (Janvier 2012)
(Photos : Marie-Thérèse Baray)
6 giugno 2012
Cari Amici,
Vi scriviamo perché avete firmato la nostra Petizione Internazionale per Proteggere Villa Adriana.
Abbiamo il piacere di darvi una notizia molto positiva: abbiamo vinto la nostra battaglia per impedire che la nuova discarica per i rifiuti di Roma venisse realizzata a poca distanza da Villa Adriana.
Venerdì 25 maggio 2012 si è dimesso il Prefetto Pecoraro, che voleva a tutti i costi aprire una discarica a Corcolle vicino alla Villa. Il Governo ha nominato un nuovo Commissario per l’emergenza rifiuti di Roma, che dovrà individuare il sito per la discarica in un altro luogo, lontano da Villa Adriana.
Cogliamo questa opportunità per esprimervi la profonda gratitudine dei tanti cittadini italiani e associazioni civiche che hanno visto crescere la nostra Petizione e che l’hanno trovata utile per sostenere la loro causa presso il Governo. Fra di loro in particolare ricordiamo la dottoressa Marina Sapelli Ragni, Soprintendente ai Beni Archeologici del Lazio, che si occupa della tutela e della gestione di Villa Adriana assieme a molti altri siti archeologici della regione Lazio: ci ha espressamente chiesto di ringraziarvi tutti. Anche il principe Urbano Barberini, che ha capeggiato le associazioni civiche che si sono opposte alla discarica di Corcolle-Villa Adriana ci ha chiesto di ringraziare personalmente ciascuno di voi…
Purtroppo, anche Villa Adriana non è più quella di qualche anno fa: molte aree sono state chiuse al pubblico, il bar all’ingresso è chiuso, e il numero dei visitatori è diminuito drasticamente. Villa Adriana deve essere restaurata e riportata al suo antico splendore, e lo stesso vale per il Ponte Lucano e per molti altri monumenti antichi dell’area di Tivoli.
L’aver sventato il folle progetto della discarica vicino a Villa Adriana ha impedito un nuovo sfregio ad un paesaggio già compromesso dalla dissennata speculazione edilizia del secolo passato. Ci vorrà uno sforzo comune protratto per diversi anni per eliminare la rovina ed il degrado. Ma possiamo cambiare davvero le cose lavorando insieme alle associazioni civiche locali di Tivoli e Roma che si erano già mobilitate, e collaborando con il Governo italiano e con le organizzazioni internazionali come il World Monument Fund, che diversi anni fa aveva incluso il Ponte Lucano nel suo elenco dei Siti in Pericolo.
Cordialmente,
Bernard Frischer
Marina De Franceschini
Paolo Liverani
Salvatore Settis
6 June 2012
Dear Friends,
We write to you because you signed our iPetition to Protect Hadrian’s Villa.
We are pleased to pass on some very good news: we have won our battle to prevent Rome’s new garbage dump from being located near Hadrian’s Villa.
On Friday, May 25, 2012, Prefect Pecoraro, the person promoting the garbage dump near the villa, resigned. The government has appointed a new Commissioner of Waste Disposal who is committed to locating Rome’s new dump somewhere else, far from Hadrian’s Villa.
We take this opportunity to pass on the good wishes and expressions of gratitude of the many Italian citizens and civic groups who watched our iPetition develop and who found it useful in pleading their cause to the government. We especially single out Dr. Marina Sapelli Ragni, the Superintendent of Archaeology for Lazio, the person in charge of administering Hadrian’s Villa and many other archaeological sites in the hinterland of Rome. She asked us to convey her thanks to you all. Prince Urbano Barberini, head of the civic groups in opposition to Corcolle-Villa Adriana, also asked us to thank each and every one of you…
Even Hadrian’s Villa is not what it once was just a few short years ago. Many areas have been closed to the public; the snack bar at the entrance no longer is open; and the number of visitors has fallen precipitously. Hadrian’s Villa can and must be restored to its former beauty, as must Ponte Lucano and many other ancient monuments in the Tivoli area.
Stopping the misguided plan to put Rome’s garbage dump near Hadrian’s Villa averted a new insult to an already compromised landscape reeling from reckless development in the twentieth century. It will take a concerted effort of several years to reverse the blight and rot. But, working with local civic groups in Tivoli and Rome that are already mobilized, and cooperating with the Italian government and with international organizations such as the World Monuments Fund (which put Ponte Lucano on its Watch List several years ago), we can make a difference.
Sincerely yours,
Bernard Frischer
Marina De Franceschini
Paolo Liverani
Salvatore Settis
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23 novembre 2024
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