PHILIPPE BOURDIN |
L'intensité de Naples la fascinante réside dans celle de ses contrastes et dans la mise en scène de ses propres contradictions. Le sublime y côtoie l'insupportable (la Campanie est une décharge à ciel ouvert et la crise des ordures continue d'empoisonner le quotidien des napolitains excédés, quand ce n'est pas résignés) et la désastreuse dégradation matérielle de la ville et de ses environs devient aussi morale. Insaisissable et parfois mal comprise, elle sait tout des tumultes, des débordements et ne peut se conformer à la norme. Folle de séduction, dévoreuse, inconséquente, abandonnée, Naples veut qu'on l'aime et le clame fort.
Livre de honte autant que de détresse, le nécessaire Gomorra Dans l’empire de la camorra (Gallimard - 21€), dévoile, explore comme jamais auparavant Naples et la Campanie mortifiées, lacérées par la criminalité organisée, sur fond de guerres entre clans rivaux (258 recensés) et de trafics en tout genre : contrefaçon, armes, drogue, enfouissements illégaux de déchets toxiques (31 millions de tonnes). C'est ainsi que ce phénomène complexe, au mécanisme sophistiqué, qu'est le Système, comme le désignent ses affiliés, accroît ses vils profits (les masses financières en jeu sont colossales : 20,5 milliards d’euros en 2008), conforte sa toute puissance et se pose en avant-garde criminelle de l'économie mondialisée. Turbocapitalisme ? En quelque sorte. Effréné. Motivée par la rage, cette minutieuse dénonciation est aussi l'histoire intime du journaliste-écrivain Roberto Saviano qui est né sur cette terre et a choisi l'écriture pour mener son téméraire combat contre une camorra prospère trop souvent réduite à un phénomène méditerranéen, « di periferia ». Comprendre et faire comprendre. « Io so e ho le prove. E quindi racconto. Di queste verità ... L'errore più grave che si fa quando si osserva il fenomeno camorra e quello di considerarlo un fenomeno criminale quando invece è un fenomeno di potere dove l'aspetto criminale è soltanto uno degli aspetti.
» Devant l’inertie coupable de la politique nationale, Saviano est la conscience de cette terre : « L’Omertà, non è più soltanto tacere. Ormai è chiaro che omertà è soprattutto non voler sapere. Non sapere, non conoscere, non capire, non prendere posizione, non prendere parte. Questa è la nuova omertà.
»
2 250 000 exemplaires vendus en Italie ! publiée dans le monde entier et croulant sous les prix, sa terrifiante (et questionnante) enquête-choc imprègnera puissamment l'esprit du lecteur. Conséquence hélas prévisible : Roberto vit depuis plus de trois ans sous protection policière rapprochée (il n’est malheureusement pas le seul). Ses lieux de séjour sont tenus secrets. Il en change constamment. Ses déplacements sont souvent décidés au dernier moment et ne sont pas modifiables. « E pesantissimo … La vita avviene fuori e tu sei dentro », comme emmuré. Un possible attentat perpétré par le puissant clan des Casalesi lui a fait envisager l’exil. Le prix à payer. « Penso di aver diritto a una pausa. Ho pensato, in questo tempo, che cedere alla tentazione di indietreggiare non fosse una gran buona idea, non fosse soprattutto intelligente. Ho creduto che fosse assai stupido - oltre che indecente - rinunciare a se stessi, lasciarsi piegare da uomini di niente, gente che disprezzi per quel che pensa, per come agisce, per come vive, per quel che è nella più intima delle fibre ma, in questo momento, non vedo alcuna ragione per ostinarmi a vivere in questo modo, come prigioniero di me stesso, del mio libro, del mio successo. Fanculo il successo. Voglio una vita, ecco. Voglio una casa. Voglio innamorarmi, bere una birra in pubblico, andare in libreria e scegliermi un libro leggendo la quarta di copertina. Voglio passeggiare, prendere il sole, camminare sotto la pioggia, incontrare senza paura e senza spaventarla mia madre. Voglio avere intorno i miei amici e poter ridere e non dover parlare di me, sempre di me come se fossi un malato terminale e loro fossero alle prese con una visita noiosa eppure inevitabile. Cazzo, ho soltanto ventotto anni! E voglio ancora scrivere, scrivere, scrivere perché è quella la mia passione e la mia resistenza e io, per scrivere, ho bisogno di affondare le mani nella realtà, strofinarmela addosso, sentirne l'odore e il sudore e non vivere, come sterilizzato in una camera iperbarica, dentro una caserma dei carabinieri - oggi qui, domani lontano duecento chilometri - spostato come un pacco senza sapere che cosa è successo o può succedere. In uno stato di smarrimento e precarietà perenni che mi impedisce di pensare, di riflettere, di concentrarmi, quale che sia la cosa da fare. A volte mi sorprendo a pensare queste parole: rivoglio indietro la mia vita. Me le ripeto una a una, silenziosamente, tra me
(La Repubblica). » Fuir pour continuer d’écrire, « une tâche sacrée », pour retrouver une vraie vie, serait une rédition. Une telle douleur pourrait être aussi la nôtre. Sous le feu des projecteurs, la camorra essaie de discréditer Roberto, de le rendre illégitime. De fait, le retentissement de ses « parole » le maintient en vie. Pour le moment. Rancunière, la camorra ne renonce jamais à la vengeance.
Si Gomorra a déjà fait l'objet d'une adaptation théâtrale, l'hyper réaliste film de Matteo Garrone a reçu le Grand Prix du 61ème Festival de Cannes (la plus haute distinction après la Palme d'Or) et remporté le prix du meilleur film de l'année 2008 ainsi que quatre autres récompenses à la 21ème cérémonie de l'European Film Awards (EFA), le 6 décembre, à Copenhague : meilleur réalisateur, meilleur acteur, meilleur scénario et le prix Carlo di Palma de la meilleure photographie.
LOTTIAMO PER SAVIANO (Luttons pour Saviano)
Vaste campagne de soutien, plus de 250 000 personnes ont déjà signé l'appel des six prix Nobel pour défendre Roberto Saviano. Parmi les nouveaux signataires, des écrivains comme les Britanniques Martin Amis et Ian McEwan, le Portugais José Saramago, l'Espagnol Javier Marias ainsi que les Américains Jonathan Franzen et Jonathan Safran Foer. Le chef du Parti démocrate italien, Walter Veltroni, Elie Wiesel ou encore Médecins sans Frontières, ont également répondu à cette sollicitation.
« L'Etat doit faire tous les efforts possibles pour le protéger et vaincre la camorra. Le cas Saviano n’est pas seulement un problème de police. C’est un problème de démocratie. La liberté de Saviano nous concerne tous, comme citoyens.
» ont écrit les Nobel dans un appel publié le 20 octobre 2008 à la une du journal La Repubblica. « Par nos signatures, nous appelons l'Etat à ses responsabilités, car il est intolérable que tout cela puisse se passer en Europe et en 2008
», estiment le dramaturge italien Dario Fo, l'ancien président d'URSS Mikhaïl Gorbatchev, l'écrivain allemand Günter Grass, la sénatrice à vie Rita Levi Montalcini (Nobel de médecine), l'écrivain turc Orhan Pamuk et l'évêque sud-africain Desmond Tutu.
LA BEAUTÉ ET L’ENFER
Écrits 2004-2009
« D'un côté, il existe la liberté et la beauté nécessaires pour qui veut écrire et vivre ; de l'autre, leur contraire, leur négation - l'enfer, qui semble toujours prévaloir. »
Peu, trop peu ont le courage voire l’héroïsme d’affronter notre monde terrible et féroce. L’authentique écrivain Roberto Saviano a osé défier la camorra et sa loi de la terreur. « Raconter, c’est résister », réveiller les consciences et garder encore cette foi en la possibilité de changer les choses. Garder l’espoir. « Si j'ai jamais rêvé quelque chose, c'est que mes mots aient une influence, c'est de pouvoir démontrer que la parole littéraire peut encore avoir un poids, peut changer la réalité.
» Quatre ans après l’intransigeant Gomorra, La Beauté et l’Enfer (Robert Laffont - 21€) est un recueil de 25 textes (dont deux inédits) variés et cohérents, organisés en cinq noyaux thématiques. D’une grande profondeur, il témoigne d’un parcours littéraire mais aussi d’une vision universaliste de la vie, de l’art, de l’engagement et de la responsabilité de l’écrivain. Si la vérité obsède Roberto, une détermination sans faille l’anime comme elle animait ces admirables Michel Petrucciani, Miriam Makeba, Anna Politkovskaïa, ou comme avec laquelle Lionel « La Puce » Messi a surmonté son handicap. Leurs portraits y sont ici brossés avec justesse. La beauté dont il est ici question n’est plus esthétique mais ontologique. C’est l’élan vital qui émerge du profond de soi et définit le destin et la mission. C’est aussi le parcours enduré par chacun pour atteindre un objectif et donner un sens à sa vie, un parcours imposant des sacrifices, requérant persévérance et confiance.
Salutaire, la lecture de La Beauté et l’Enfer est tout de même bien embarassante. Elle nous met face à notre propre immobilisme. Peut-on encore se considérer comme innocent de ce qui se passe autour de nous ?
L’European Book Prize 2010 a été décerné le mercredi 8 décembre, au Parlement européen de Bruxelles, lors d’une cérémonie conduite par Jacques Delors. Pour cette quatrième édition, le jury – composé de douze journalistes issus des plus grands médias européens et présidé par le réalisateur allemand Volker Schlöndorff – a récompensé La Beauté et l’Enfer dans la catégorie « Essai ». Cinq minutes d’applaudissements ont salué son signataire.
LA PAROLA CONTRO LA CAMORRA
Un libro e un documento imperdibili
« Spesso mi si chiede come sia possibile che delle parole possano mettere in crisi organizzazioni criminali potenti, capaci di contare su centinaia di uomini armati e su capitali forti. E come è possibile questa domanda mi viene ripetuta spessissimo, soprattutto all'estero che uno scrittore possa mettere in crisi organizzazioni capaci di fatturare miliardi di euro e di dominare territori vastissimi ? È complicato dare una sola risposta e, in verità, l'unica risposta che mi viene in mente, la più plausibile è che sia proprio la difusione della parola a mettere paura. Non è lo scrittore, l'autore, non è neanche il libro in sé, né la parola da sola, che riesce ad accendere riflettori e per questo a mettere paura.»
Il crimine, le radici del disumano e il diritto alla felicità. «Ogni lettore che fa sua una storia, ogni lettore che protegge un libro, che osserva, che ascolta, sta facendo moltissimo. Sta facendo moltissimo per ché permetterà a quell'autore di continuare a lavorare e soprattutto contribuirà a diffondere le sue parole, a renderle strumenti pericolosi. Anche criticando, anche non con dividendo, anche facendone semplice mente argomento di discussione, farà sí che le tante vicende avvolte dall'ombra possano diventare invece storie degne di essere raccontate, che i tanti morti diventati semplicemente un numero possano tornare a essere persone, che i molti sogni rimasti a margine, possano tornare a essere possibilità reali. Attraverso il racconto della cronaca quotidiana ho cercato di far emergere la realtà di una guerra ignorata da gran parte del Paese. Questo libro e questo Dvd raccontano storie sconosciute, a volte dimenticate o colpevolmente rimosse. Storie che mappano la mia terra e ne tracciano una geografia diversa da quella ufficiale, e a parlare sono le testate locali: titoli e articoli scritti con il sangue, che gridano vendetta.
»
Apre il Dvd la bellissima orazione civile intitolata La parola contro la camorra. Un inedito assoluto, di quasi un'ora, registrato per questa occasione il 30 ottobre 2009. A seguire il video tratto dalla puntata speciale di Che tempo che fa andata in onda il 25 marzo 2009, una serata seguita da oltre quattro milioni e mezzo di telespettatori.
Roberto Saviano intitola La parola contro la camorra anche il libro che accompagna il Dvd, e che si compone di tre sequenze: Una luce costante, Così parla la mia terra e Il racconto delle immagini con una selezione di fotografie e pagine di quotidiani. Aprono il volume scritti di Walter Siti, Aldo Grasso, Paolo Fabbri, Benedetta Tobagi (Einaudi/RAI Trade - 19,5O€).
VIENI VIA CON ME
Dal evento TV nasce un grande libro
Roberto Saviano scava dentro alcune delle ferite vecchie e nuove che affliggono l'Italia: il mancato riconoscimento del valore dell'Unità nazionale, il subdolo meccanismo della macchina del fango (« La diffamazione è stata sempre al centro della mia ricerca perché sono nato in una terra in cui chiunque decida di ostacolare il potere criminale viene diffamato
»), l'espansione della criminalità organizzata al Nord, l'infinita emergenza rifiuti a Napoli, le troppe tragedie annunciate. Accanto alla denuncia c'è anche il racconto - commosso e ammirato - di vite vissute con onestà e coraggio: la sfida senz'armi di don Giacomo Panizza alla 'ndrangheta calabrese, la lotta di Piergiorgio Welby in nome della vita e del diritto, la difesa della Costituzione di Pietro Calamandrei. Esempi su cui possiamo ancora contare per risollevarci e costruire un'Italia diversa. Ideato e condotto da Roberto Saviano e Fabio Fazio, Vieni via con me è stato l'evento televisivo del 2010, più seguito delle partite di Champions League e dei reality show. Ora Vieni via con me è un libro che rende di nuovo accessibili al pubblico queste storie in una forma ampiamente rivista e arricchita - otto lunghi e fitti capitoli, otto storie. Facendole diventare, ancora una volta, storie di tutti. Il risultato è un seratissimo rittrato dell'Italia di oggi. Qui, usando il mezzo che più gli si addice, Saviano scrive anche il suo personalissimo elenco delle cose per cui vale la pena vivere (« un esercizio fondamentale per ricordarsi ciò di cui siamo fatti, una carta constituente di noi stessi
»), così come hanno fatto tutti gli ospiti della trasmissione (Feltrinelli - 13€).
Vieni via con me est traduit en France sous le titre Le combat continue Résister à la Mafia et à la corruption (Robert Laffont - 18€).
Londres, le 10 octobre 2011 : Roberto Saviano partage le PEN/Pinter Prize 2011 avec le dramaturge britannique Sir David Hare. Il n'a pu participé à la cérémonie de remise de son prix mais a envoyé un message de gratitude aux organisateurs qui récompensent depuis 2009 un "imprisoned writer of courage" persécuté pour ses convictions.
Stockholm, le 27 janvier 2012 : invités au Parlement suédois, Roberto Saviano et la journaliste-écrivain mexicaine Lydia Cacho ont reçu le Prix Olof Palme 2011 "pour leur lutte infatigable, désintéressée et souvent solitaire en faveur de leurs idéaux et pour le bénéfice de leurs semblables... en dépit des risques pour leur vie ". Ils se partagent la bourse de 75 000 $ qui accompagne ce prix. Après la cérémonie, Saviano a rencontré l'ex secrétaire général de l'ONU Kofi Annan.
ZERO ZERO ZERO
Il nuovo romanzo-verità di Roberto Saviano, sette anni dopo il successo mondiale di Gomorrra. Un viaggio di 450 pagine nell’inferno della cocaina.
Non esiste mercato al mondo che renda più di quello della cocaina. Non esiste investimento finanziario al mondo che frutti come investire in cocaina. Dietro il suo candore nasconde il lavoro di milioni di persone.
Con la coca puoi fare qualsiasi cosa… È la risposta esaustiva al bisogno più impellente dell’epoca attuale: l’assenza di limiti.
La coca la sta usando chi è seduto accanto a te ora in treno e l’ha presa per svegliarsi stamattina o l’autista al volante dell’autobus che ti porta a casa… Fa uso di coca chi ti è più vicino. Se non è tuo padre o tua madre, se non è tuo fratello, allora è tuo figlio. Se non è tuo figlio, è il tuo capoufficio… Se non è lui, è l’infermiera che sta cambiando il catetere di tuo nonno e la coca le fa sembrare tutto più leggero, persino le notti. Se non è lei, è l’imbianchino che sta ritinteggiando la stanza della tua ragazza, che ha iniziato per curiosità e poi si è trovato a fare debiti. Chi la usa è lì con te. La usa il portiere del tuo palazzo, ma se non la usa lui allora la sta usando la professoressa che dà ripetizioni ai tuoi figli… Il sindaco da cui sei andato a cena. Il costruttore della casa in cui vivi, lo scrittore che leggi prima di dormire… Ma se, pensandoci bene, ritieni che nessuna di queste persone possa tirare cocaina, o sei incapace di vedere o stai mentendo. Oppure, semplicemente, la persona che ne fa uso… «Scrivere di cocaina è come farne uso.» (Feltrinelli -18€).
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Site mis à jour le 23 août 2023
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21 novembre 2024
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